Je m'ennuie de notre ancienne vie, celle où l'on se parlait de vive voix et où l'on s'écoutait. Celle où nous avions quelque chose à nous raconter le soir, plutôt que de nous être texté notre quotidien au fur et à mesure qu'il se déroulait. Celle où l'on pouvait se parler sans que notre interlocuteur regarde son téléphone. Je me demande parfois si je suis à ce point inintéressante.
Je m'ennuie de ce temps où nous avions des moments à nous, sans être joignables, sans être "en ligne" à chaque instant. Ce temps où nous ne nous sentions pas obligés de répondre immédiatement, où il suffisait d'attendre le soir ou un moment choisi, après avoir simplement vu le numéro sur l'afficheur.
J'aurais même souhaité que ce "diabolique appareil", que l'on croit maintenant indispensable, n'existe pas. Les rencontres étaient plus belles et plus authentiques sans cela. Nos relations étaient plus stables et plus honnêtes, car nous n'avions pas un "plan B" toujours disponible, ni cet ami fictif qui nous fait rêver plus que notre réalité affective. Notre quotidien était moins stressant, plus calme, sans ces ding-ding stridents. À cette époque, personne ne scrollait son fil d'actualité en plein milieu d'une conversation, sans comprendre que cela ne se fait pas.
L'autre jour, lors d'une randonnée, j'ai exprimé à mon amie à quel point ses notifications m'agressaient. As-tu vraiment besoin de savoir à la seconde près que tu as reçu un message ? Nous regardons déjà notre téléphone au moins quatre fois par heure, donc tu verras bien ce message dans 15 minutes, dans le pire des cas. Ce n'est pas si grave, non ? Mais si c'est urgent ? Ils appelleront. Tu te souviens qu'à une époque, nous n'étions pas joignables avant de rentrer à la maison, et pourtant nous vivions très bien. Elle m'a remerciée plus tard de lui avoir fait adopter cette philosophie de vie et a désactivé ses notifications Messenger.
Quand je suis avec mon amoureux, en toute intimité, en train de manger ou de l'embrasser, et que j'entends le bruit agaçant d'un message qui arrive, même s'il ne le regarde pas tout de suite, nous surveillons tous les deux son téléphone du coin de l'œil. Cela gâche un peu le moment, simplement de savoir que l'autre attend de lire ses messages. Je me sens presque pressée de finir de faire l'amour...
Pour beaucoup, le prétexte est le travail : le message est important, à toute heure du jour, du soir, du week-end, voire de la nuit... Mais est-il plus important que la personne devant toi ? Les gens sont épuisés de ne jamais décrocher de leur réalité virtuelle, mais avec le temps, tout cela est devenu normal.
Il est peut-être temps de réapprendre à vivre, sans cette pression constante d’être toujours joignable. De redonner de la valeur à la présence, à l’écoute, à ces moments partagés où rien d'autre ne compte que l'instant vécu. Si les appareils nous facilitent la vie, ils ne devraient pas en devenir le centre. Alors, retrouvons le goût des conversations sans distractions, des moments simples et vrais, où l'on choisit d'être pleinement avec ceux que l'on aime. La technologie ne devrait jamais prendre plus de place que l'humain dans nos relations.
La technologie nous rapproche de ceux qui sont loin, mais nous éloigne de ceux qui sont proches.
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