J’ai toujours eu envie d’aventures, de partir là où le vent me mène. Enfant, je rêvais d’être nomade et plus tard de partir travailler dans l’Ouest canadien comme mes amis. J’aspirais à faire le tour du monde mais, rapidement comme plusieurs d’entre nous, les responsabilités d’adulte sont vites venues frapper à ma porte, ça et mon anxiété grandissante et surtout, la peur d’avoir peur. Je suis donc devenue anxieuse depuis plusieurs années plutôt que voyageuse comme je l’aurais souhaité.
À la suite de mon hospitalisation en 2013, pour mes crises d’angoisse, je ne croyais même plus que cela serait possible de prendre l’avion. À cette période, traverser le pont de la Rive-Sud vers l’autre rive était déjà une grande épreuve, ça et même parfois simplement me rendre à l’épicerie.
Finalement, plusieurs expériences difficiles ont suivies et m’ont rendu plus forte, puis est arrivé le jour où j’avais vraiment besoin de vacances où je me suis dit : tant pis je vais prendre l’avion! Ce fut une épreuve car aussitôt assise dans le siège je me suis sentie coincée et vraiment très mal, claustrophobe en fait même, tellement que pendant quelques minutes j’ai pensé laisser faire, malgré l’argent investi, et descendre de cet avion. Ouf le film s’est déroulé très vite dans ma tête et j’ai compris que si je ne décollais pas, cette fois-ci, je ne partirais plus jamais. Cette pensée m’a encore plus troublée que la crise d’angoisse je vivais. Je suis restée. Je n’étais pas prête à renoncer à mes rêves de voyages aussi facilement en un instant.
J’ai depuis ce temps repris l’avion plusieurs fois et même une fois seule avec mon enfant pour des vacances dans un pays étranger, quel accomplissement pour moi cela a été. Le prochain défi serait d’y arriver seule et partir dans un voyage non organisé.
Je suis parvenue à faire de nombreuses nouvelles activités depuis, comme marcher seule dans la forêt, en ayant peur des ours, des tiques, des pièges à ours, des monsieur louches ou même me perdre! Faire un voyage de pêche sur un cours d’eau immense, nager dans une Cenote au Mexique ou avec les dauphins dans l'océan, faire de la plongée même si je souffre de thalassophobie (décidément les phobies ont vraisemblablement toutes un nom). Aller dans un gros festival, prendre un traversier en voiture, démarrer mon entreprise, emménager avec mon amoureux, faire des activités avec des gens que je ne connaissais pas. Ce sont tous des exemples que je suis fière d’avoir accomplis dans les dernières années en ayant toujours continuellement cette « peur d’avoir peur » mais en m’y confrontant sans cesse.
Nous sommes aussi partis avec notre van aménagée sans réservation et sans trop savoir où nous allions dormir ou manger. La peur de tomber en panne, de traverser les douanes, d’être dans une grande ville que je ne connais pas, a comprendre une langue que je ne maîtrise pas très bien, m’a obligé à dépasser continuellement ma zone de confort, ça m’a permis de mieux me connaître, de découvrir mes passions et de savoir ce dont j’ai envie pour l’avenir. C’est l’un des plus beau cadeau que je me suis offert, je me suis accordé la liberté et le devoir d’affronter mes angoisses, merci la vie.
Je sais que pour la plupart des personnes qui ne vivent pas d’anxiété tout ceci est probablement très banal. Pour nous, je suis consciente que toutes ces étapes sont différentes pour chacun, j’ai beaucoup évolué depuis la fois où je n’osais plus sortir de chez moi, heureusement. C’est pour ça qu’il faut commencer par des petites étapes à franchir avant de sauter en parachute. Pour moi, désormais, plus question d’attendre d’avoir le courage de mes désirs et de mes ambitions, malgré cette angoisse et mes scénarios de peur continuelle, j’ai toujours envie d’affronter tout ça et de me dépasser et de réaliser tous mes objectifs sur ma « Bucket list ».
« Dans la vie, il n’y a pas de problèmes et d’obstacles, il n’y a que des défis et des épreuves ». Michel Bouthot
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